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Maitrise des prix | Les exportations illégales, sources d’augmentation de l’inflation

Le pouvoir d’achat constitue aujourd’hui l’une des préoccupations majeures des autorités publiques. Il s’est détérioré à partir de l’année 2005, glissant d’un taux de croissance de 12 à 5% en 2010. D’après l’Organisation de défense du consommateur, le pouvoir d’achat des ménages a baissé de 20% depuis janvier 2011. Cette détérioration, qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui, est due à la hausse du taux d’inflation, la hausse des prix, surtout ceux des produits de base (produits alimentaires…) et la faible augmentation des revenus.

D’après une étude sur l’évolution des salaires réels en Tunisie avant et après la révolution, réalisée par la Fondation politique allemande Friedrich Ebert Stiftung, sous la supervision de l’économiste  Dr Tahar El Almi, économiste, et du professeur agrégé d’économie, Ezzedine Larbi, « cette détérioration est due à plusieurs facteurs dont les hausses successives du taux d’inflation générées par l’augmentation des prix d’alimentation de 8.66% en moyenne en glissement annuel (2011-2015) des viandes, des huiles alimentaires, des légumes, des fruits, du lait et de ses dérivés, des œufs et des boissons ». A cela, s’ajoutent la contrebande et l’exportation illégale aux frontières tuniso-libyennes (après la révolution libyenne). Cette exportation illégale a engendré une forte pénurie des produits alimentaires de base qui sont subventionnés par l’Etat.

D’après certains grossistes, le phénomène d’approvisionnement du marché libyen n’est pas le principal facteur provoquant la flambée des prix de fruits et légumes. En revanche, ils pointent du doigt les intermédiaires qui s’activent à conserver le monopole d’approvisionnement auprès des fermes agricoles, détournant une partie de la production agricole du circuit formel, à des fins spéculatives. Les secteurs les plus touchés par la contrebande sont les fruits et légumes, les œufs et le secteur de l’industrie, principalement du textile et habillement.

D’autres facteurs sont cités par les gérants des centrales d’achat, qui concernent notamment l’inflation importée. En effet, « la hausse des prix des biens importés influe sur les prix intérieurs. Elle est due à la dépréciation du dinar tunisien. De même, la hausse des coûts de production fin 2012, les dépenses d’énergie, les salaires, les entreprises ont répercuté ces hausses sur le prix de vente de leurs produits »

Régulation et défense du pouvoir d’achat

Pour faire face à la baisse du pouvoir d’achat et la progression successive du taux d’inflation, plusieurs mesures de régulation ont été mises en place par l’Ugtt et par les pouvoirs publics. Pour  l’Ugtt, « la défense du pouvoir d’achat était évidemment le sujet central des négociations collectives. Sachant que les syndicats n’ont pas les moyens d’agir sur les prix, leur souci majeur est alors d’améliorer le salaire nominal. Le Code du travail indique que la rémunération des travailleurs de toutes catégories est déterminée, soit par accord direct entre les parties, soit par voie de convention collective, dans le respect du salaire minimum garanti fixé par décret ».

Les pressions inflationnistes interviennent alors que le pays a connu en 2011 un ralentissement économique suivi de revendications sociales se traduisant par une croissance négative, une augmentation du nombre de chômeurs et une baisse significative des investissements étrangers. Faut-il rappeler que « l’inflation dépend de facteurs mixtes (monétaires et structurels), qui vont de la hausse de la masse monétaire à la production réelle et aux prix à l’importation ».

L’inflation, telle que mesurée par la variation de l’indice des prix à la consommation (IPC), a augmenté sensiblement passant de 3,5% en 2009 à 5,8% en 2013, avant de refluer à 4,9% en 2015 sous l’effet notamment de la baisse de la facture pétrolière.

D’après l’étude, « cette inflation a cependant conduit à une détérioration du pouvoir d’achat des ménages rendant difficile un ajustement du programme de compensation et la discussion de la mise en place d’un moratoire sur les augmentations salariales ».

Il est nécessaire de concevoir, comme mentionné par certaines études, la mise en place d’un indice du coût de la vie qui est une évaluation du coût moyen des dépenses de consommation des ménages. Selon la même source, les indices utilisés pour mesurer l’inflation ne permettent pas de mesurer l’évolution du coût de la vie.

Exportations illégales

La contrebande et l’exportation illégale ont entraîné, ces dernières années, des pénuries de plusieurs produits, principalement alimentaires et autres. Les réseaux parallèles sont enclins à vendre des produits à des prix supérieurs au marché tirant les prix vers le haut au niveau national.Ces exportations illégales continuent à être des sources de l’augmentation de l’inflation, particulièrement depuis 2012 et de la détérioration du pouvoir d’achat du citoyen tunisien. Ces produits sont pour la plupart subventionnés.

Des mesures strictes ont été prises pour lutter contre le trafic de marchandises aux frontières, en particulier contre l’exportation illégale des produits subventionnés et par là même rétablir l’équilibre entre l’offre et la demande.

L’étude indique que l’Etat tunisien a la capacité d’influencer directement les prix, en fixant un prix officiel pour quelques denrées et produits de consommations, mais aussi en subventionnant certains produits alimentaires de base. En Tunisie, les dépenses en produits alimentaires, en énergie et en transport représentent respectivement 32%, 5% et 11% de l’IPC.

Le système de compensation permet d’assurer l’approvisionnement régulier du marché local par des produits subventionnés à des prix relativement stables, qui tiennent compte du pouvoir d’achat.

De fait, la portée de la politique de compensation s’étend de la protection du pouvoir d’achat des Tunisiens à faibles revenus contre les aléas du marché mondial à la garantie d’un revenu minimum aux agriculteurs via la subvention.

Par ailleurs, et depuis 2011, le gouvernement a revu à la hausse la caisse de compensation en vue de pallier les augmentations des prix mondiaux des denrées alimentaires, notamment des produits céréaliers, et d’apaiser la population dont les attentes n’ont cessé de croître.

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